Un film documentaire (en anglais) de Andrée Martin
Un voyage c’est une déterritorialisation, le mouvement par lequel on quitte un territoire selon les mots Deleuze et Guattari; et un retour, une reterritorialisation. Une zone d’expériences infinie, dont on ne saurait toujours mesurer l’ampleur de ce qui, entre les deux, s’est transformé. Documentaire sur le Dhrupad, Le pouvoir du son. Les frères Gundecha Maîtres du Dhrupad est le témoin d’une triple déterritorialisation; du Québec à l’Inde, d’une poésie à une autre, d’un corps à un autre. Territoire artistique et imaginaire, ce documentaire s’avère autant un film qu’un prétexte. Un prétexte à plonger dans la plus vielle forme de chant en Inde, à en parcourir les mystères, et à en présenter les figures phare, les Frères Gundecha. Mais surtout à témoigner de ce qui, dans ce voyage artistique, cet art vocal et musical, fait œuvre et sens pour celui qui le fait, comme pour celui qui l’écoute.
Visionnement en présence des Frères Gundecha.
Cette intervention artistique prend forme depuis l’atelier d’un livre en cours de réalisation et une démarche qui me mène, depuis l’atelier, vers une diversité de terrains (nomadismes géographiques et institutionnels, disciplinaires et méthodologiques). Ma contribution poursuit ces explorations de la mobilité de la création, du vivre et de l’habiter, et une hypothèse de travail sur la recherche-création comme éthique de la connaissance.
Du point de vue de la création, il y a une relation au vivant, à l’imaginaire et au contemporain qui, pour moi, passe par l’expérience terrain. Cette performativité situationnelle et expérientielle rapproche la distance critique (la négativité) de la nécessité d’inventer (la création). l’atelier fait terrain correspond à cet espace mouvant de proximités et de résistances, de dynamiques relationnelles où l’imagination s’éprouve et se performe comme exigence éthique. C’est dans cette perspective que j’aborderai le récit de voyage et la relation entre création et nomadisme.
La ligne des animaux correspond à l’une des cinq lignes qui composent actuellement le petit livre. Elle sera présentée sous la forme d’une installation et d’une lecture performative. Performer et spatialiser La ligne des animaux comme parcours (voyage, création, lecture) à partir de certains de ses matériaux (écritures, images, sons, objets) vise à problématiser ce qui tend à sédentariser le vivre et le vivant; un récit de voyage comme expérience d’une mobilisation du récit lui-même qui interprète l’expression récit nomade.
Inscription obligatoire auprès de Franck Waille
Le temps lent de la marche, lors d’une traversée de l’Europe à pied sur plusieurs bouts d’années – d’abord vers Compostelle, puis vers Istanbul – m’a permis une maturation de l'écriture quotidienne : laisser remonter l’essentiel et tenter de le transcrire au plus juste et avec le moins de mots possible. Parfois par un dessin aussi. Un récit de voyage est né de trois étés vagabonds en Italie : Sous les oliviers, journal d’une marche pour la paix (2006).
Cette expérience sera le canevas d’une expérimentation.
Il sera proposé d’aller marcher en silence dans l’espace publique. Une heure environ, d’un lieu à un autre. Et de laisser remonter et travailler quelque chose en soi dans ce silence et dans ce mouvement – temps de relecture « non mentale », rythmée par la marche consciente.
Ce temps de déambulation libre et méditatif sera introduit par des exercices venus de la méthode somatique expressive de François Delsarte, que je transmets. Nous préparerons la tranquillité intérieure et l’acuité de l’attention en nous donnant du poids, de la densité et de la souplesse.
Au retour, un temps individuel : noter, dessiner quelque chose de ce qui a pu émerger durant la marche.
Puis un temps en grand groupe, le moment du partage : par la voix, la lecture, le mouvement…
Cette expérimentation pourrait être vue comme un embryon d’expériences futures, à inventer. Et comme l’entrée dans un nouveau rapport à l’écriture.
Inscription obligatoire auprès de Franck Waille